la ronde de mai

Publié le 15 Mai 2015

Pour cette treizième ronde, autour du mot "mai(s)", j'ai le grand plaisir d'accueillir Noël Bernard et moi, je suis chez Cécile Ruban

Ce texte est composé selon la contrainte oulipienne de la terine: les trois mots "mères", "folles", "place" apparaissant en fin de vers subissent à chaque strophe une permutation de Queneau dont le schéma est le suivant : 123 -> 312 -> 231. De plus j'ai appliqué la même permutation sur les groupes de trois strophes : on peut parler de "terine de terine". Les mots choisis sont tous trois associés au mouvement des "Folles de mai" ou "Mères de mai",en Argentine, dont les enfants avaient disparu sous la dictature et qui ont dénoncé les atrocités du régime en effectuant une ronde chaque jeudi sur la "Place de mai".

En foulard blanc tournent les mères
L’œil débordant de larmes folles
Pas trébuchant de place en place

Pas d'arbre de mai sur la place
Pas d'enfant dans leurs bras de mères
Il n'y a qu'une ronde folle

Elles disent la chasse folle
Où le gibier saigné sur place
Tombait loin des yeux de sa mère

Au lampadaire danse folle
En un frénétique surplace
Belle et pitoyable éphémère

A son horloge la commère
Regarde en biais l'aiguille folle
A reculons qui se déplace

L'obscurité coule et remplace
En ce jeudi plein de chimères
Les images jaunes et folles

Que cherchent arpentant la place
En foulard blanc ces lentes mères
Que le passant traite de folles

Sans un regard aux gaietés folles
Aux fleurs écloses de la place
Au poupon qui tête sa mère


L'ombre dont elles furent mères
Accompagne leur jambe folle
Et de silence emplit la place

Noël Bernard

Rédigé par Gilbert Pinna, le blog graphique

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Commenter cet article
C
Une contrainte accentuant la folie même dans un rythme dont on pourrait entendre au loin les tambours des orages intérieurs
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Q
Pourtant aucun vers ne trébuchera malgrè les contraintes. Les mères ne sont pas à la fête qui tournent et tournent dans cette ronde.
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D
la contrainte en boucle, son résultat implacable
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G
... "ces lentes mères", beau et terrible.
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E
de cette contrainte, oui, quelle folie, un récit poème émouvant... et de tels échos...
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