La danseuse Eduardowa
Publié le 2 Avril 2009
Franz Kafka évoque dans son Journal la danseuse qu’il a vue dans
un théâtre à l’occasion d’une tournée du Ballet impérial de Russie
à Prague.
D’elle, il écrit qu’elle n’est pas si belle au naturel, à l’air libre,
un peu lourde et engoncée dans des jupes de vieilles femmes.
Il dit aussi qu’elle a un grand nez, fasciné qu’il est par tous les nez,
et écrit aussi qu’elle a de fort jolis petits pieds.
On devait dire d’elle, la Eduardowa.
La femme tourbillonne, sautille dans un élan de tous les diables.
Elle est insaisissable, elle est cette fulgurance.
Plus de doute possible, d’elle, on a bien dû dire la Eduardowa.
Il y a aussi cette histoire selon laquelle Eugénie Eduardowa
aime à circuler en tramway, à Moscou et à Prague, accompagnée
de ses musiciens. Les voyageurs font le trajet au son du violon
et il paraît que tous se taisent et que les notes vibrent
suavement dans le wagon, à chaque courant d’air.